S.E.C.R.E.T. (French Edition) by Adeline L. Marie

Auteur:Adeline, L. Marie [Adeline, L. Marie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: PLACE DES EDITEURS
Publié: 2013-04-24T22:00:00+00:00

VIII

L’été enveloppait la ville comme une épaisse couverture de laine. Et comme la climatisation du Rose laissait à désirer, le seul salut possible était de se réfugier dans la chambre froide de temps en temps. Tracina, Dell et moi, nous nous couvrions les unes les autres pour éviter que Will n’apprenne comment on gaspillait l’électricité qu’il payait.

« Il suffit de se déplacer doucement, nous avait-il conseillé un jour. C’est ce qu’on faisait dans l’ancien temps. »

— Marcher au ralenti, ça ne devrait pas poser de problème à Dell, ronchonna Tracina en posant un tas d’assiettes sales à côté de moi.

J’aurais voulu blâmer la chaleur pour son humeur de chien, mais je savais bien qu’il n’y avait pas vraiment de rapport. Un morceau de hip-hop de mon nouvel artiste préféré passa alors à la radio, je montai le volume. Tracina grogna encore.

— Mais pourquoi une fille blanche écoute la musique de ce beau Black ? dit-elle en baissant le volume.

— Je suis fan.

— Fan de lui ? Toi ?

— En fait, je connais assez bien… son travail, répondis-je sans tout à fait parvenir à dissimuler un sourire.

Elle s’en alla en secouant la tête et je remontai le volume, poursuivant le nettoyage à la Javel des planches à découper, en dansant sur place. Je n’aurais jamais fait partie des hordes de fans qui se rendaient à ses concerts, mais le frisson que ce beau moment avec lui m’avait procuré ne s’effaçait pas. Le souvenir soudain de sa peau contre la mienne envahit mon esprit, je vis son visage plissé en pleine jouissance… Je frémis. Se raconter des histoires inventées de toutes pièces pour tromper la solitude ou l’ennui n’a rien à voir avec des expériences vécues et gardées en mémoire. C’est cela qui rendait le travail de S.E.C.R.E.T. si exceptionnel. Grâce aux fantasmes que le Comité avait permis, j’avais constitué une base de souvenirs sensoriels que je pourrais conserver à jamais et utiliser à l’envi ou au besoin. Je n’étais plus une simple spectatrice. J’étais au cœur de l’action.

Cependant, en dépit de ces scénarios palpitants, j’avais commencé à fantasmer sur un certain type de rapports sexuels que je n’avais pas encore essayé. Je voulais… eh bien, je voulais un homme couché sur moi, en moi. Voilà, le mot était lâché. C’était encore un exploit accompli grâce à S.E.C.R.E.T. : j’admettais enfin mes envies et mes besoins.

Ce fut plus difficile pour moi, cependant, de l’admettre à voix haute devant Matilda, que je retrouvai un peu plus tard ce même jour, au Tracey’s, sur Magazine Street. Le Tracey’s était devenu notre lieu de rendez-vous habituel et pas seulement parce qu’il était dans la rue du Manoir. L’ambiance bruyante de ce bar pour sportifs nous permettait de parler des choses les plus intimes sans être entendues.

Je m’étais résolue à lui demander enfin pourquoi aucun des hommes que j’avais rencontrés n’avait voulu faire l’amour avec moi. Bien sûr, mon esprit avait décidé que c’était un rejet, mais je savais que c’était une autre des tristes séquelles que ma relation avec Scott m’avait laissées.

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